VIDÉO| De quoi une plateforme numérique est-elle le nom? Généalogie historique et récupération économique | Antonio Casilli

La conférence publique d’Antonio Casilli, « De quoi une plateforme numérique est-elle le nom? Généalogie historique et récupération économique« , a eu lieu le 24 mai 2018, à 18h30, à l’Espace Jardins du pavillon Alphonses-Desjardins, à Université Laval, à Québec. Cette activité s’inscrit dans le cadre des Journées du LabCMO – Première édition.

 

Résumé
Sur les cendres de l’entreprise du XXe siècle s’érige le nouveau paradigme socio-technologique de la plateforme numérique. Elle se définit comme un mécanisme neutre qui démocratise l’accès autant à des ressources matérielles (des produits, des services) qu’à des objets informationnels (des contenus, des données). Pour coordonner ses différentes composantes, elle a recours à des méthodes algorithmiques basées sur le traitement de masses de données personnelles issues des comportements, des échanges et des évaluations en ligne de ses utilisateurs. Une caractéristique essentielle (mais problématique) des plateformes est leur prétention à incarner des valeurs d’exactitude technique et de neutralité morale. Il est donc urgent de dresser une généalogie de ce paradigme, en remontant aux sources philosophiques et politiques de la notion même de plateforme, et de pointer les défis qui accompagnent ces nouveaux dispositifs. Le concept de plateforme s’avère inscrit dans la théologie politique du XVIIe siècle, au croisement de la philosophie de Francis Bacon et de la pensée des premiers anarchistes anglais. Des commonsagraires à Uber, de la Nouvelle Atlantide à Google, la plateforme numérique contemporaine n’est pas une simple métaphore, mais l’évolution d’un concept dont l’histoire s’avère fascinante – et dont les promesses de dépassement du travail salarié et d’abolition de la propriété privée restent encore à honorer.

Antonio A. Casilli est maître de conférences à Télécom ParisTech et chercheur associé à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris (EHESS). Ses recherches portent principalement sur les droits fondamentaux à l’heure du numérique (vie privée, travail, liberté d’expression, santé). Il a confondé le Réseau européen sur le travail numérique (ENDL). En qualité d’expert, il a participé aux travaux du Conseil national du numérique (Stratégie nationale en intelligence artificielle, 2017 ; rapport Nouvelles trajectoires del’emploi, 2016), et du Conseil d’État (rapport Numérique et droits fondamentaux, 2014). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels Le phénomène pro-ana (Presses des Mines, 2016 ; avec P. Tubaro) ; Qu’est-ce que le digital labor? (INA Editions, 2015 ; avec D. Cardon) ; Against the Hypothesis of the End of Privacy (Springer, 2014 ; avec P. Tubaro & Y. Sarabi) ; Les liaisons numériques (Seuil, 2010).

Ce contenu a été mis à jour le 20 juin 2019 à 15 h 41 min.

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