La science en réseau : Les gestionnaires d’information « invisibles » dans la production d’une base de données scientifiques

Les développements technologiques contemporains en matière d’infrastructures numériques permettent d’observer de nouvelles formes de travail, voire de nouvelles catégories de travailleurs, dans les milieux scientifiques. Basé sur une étude ethnographique d’un réseau américain de chercheurs en écologie, cet article s’attache au travail des gestionnaires d’information (information managers), « techniciens invisibles » responsables de la gestion des données scientifiques au sein des laboratoires. Il montre comment le développement d’un projet de très grande base de données s’accompagne de processus de mise en visibilité et invisibilité des gestionnaires d’information et de leur travail, et discute des enjeux de la mise en invisibilité des activités de documentation des données en particulier, sur les processus de production des connaissances scientifiques. L’invisibilité des gestionnaires d’information apparaît reliée à un aspect fondamental de leur travail, en l’occurrence un « travail d’articulation » caractérisé par des activités de bricolage, de traduction et d’effacement. Le travail des petites mains de la gestion et de la documentation des données dans les sciences est sans cesse à refaire et à réinventer.

Ce contenu a été mis à jour le 16 octobre 2018 à 19 h 37 min.