La scène comme nouvelle culture visuelle : entre effervescence urbaine, visibilité et circulation des images numériques

L’étude des scènes culturelles apparue dans les années quatre-vingt-dix a été rapidement assimilée au champ des popular music studies et ce, dans une volonté de trouver une alternative aux notions de contre- ou de sous-culture. La polysémie et la malléabilité du terme ont ainsi donné lieu à des efforts souvent disparates ayant pour thème la sonorité ou le «  son  » d’une ville. Or si le son rythme bel et bien l’urbanité et lui donne son effervescence, n’y a-t-il pas lieu également de s’interroger sur la manière dont les images fournissent davantage qu’un simple décor en donnant précisément vie et corps à la ville  ? L’objectif de ce texte est de réfléchir au concept de scène à partir d’une focale encore sous-exploitée, à savoir celle des visual cultural studies. Comment l’image devient-elle performative et comment entre-t-elle en scène formant du coup une sorte de surproduction culturelle  ? Comment la circulation des images peut-elle engendrer de nouvelles expériences de socialité  ? Le propos est illustré à partir de l’étude du Street art et plus particulièrement du calligraffiti à Montréal — mais également dans la manière dont ce dernier trouve échos à Paris, Beyrouth et Tunis. En tant qu’articulation du local, du translocal et du virtuel, cette pratique émergente doit permettre de comprendre comment la circulation et la mise en visibilité des images, dans un contexte contemporain d’hétérogénéité culturelle, d’hybridation artistique et de controverses sociales, peut susciter de nouveaux enjeux et codes politico-culturels.

Ce contenu a été mis à jour le 26 octobre 2018 à 22 h 31 min.